C’est un trait commun aux religions établies de faire valoir leur ancienneté. Cette revendication est intimement associée à la croyance qu’il y a des vérités durables ou éternelles et à l’opinion vague mais puissante que la sagesse authentique provient de quelque passé primordial non spécifié. Il y a en même temps la conscience généralisée d’un acharnement à produire des changements irrévocables de la société sous de nombreuses formes. Quand l’ordre économique et industriel subit des changements aussi rapides et notables, quand la structure sociale présente un processus constant de réadaptation, quand de grandes institutions sociales (le régime politique, la loi, l’éducation, les loisirs, et même la famille) font tous, à la fois l’expérience inconsciente de constants ajustements et l’expérience consciente de programmes de réforme, il serait surprenant que des idées ou organisations religieuses ne subissent pas tout autant des processus similaires de changements ou d’innovations. Malgré cela, ce qu’ils font, c’est donner de l’importance à l’ancienneté et à la tradition. Pourtant, l’idée que la religion devrait, comme la liturgie le soutient, être « ce qu’elle était à l’origine, maintenant et pour toujours » est si bien ancrée que les agents des autres institutions sociales trouvent difficile d’arriver à une entente sur la notion de ce que sont les nouvelles religions ou les procédures innovantes que ces religions font valoir. Les représentants de la loi travaillent avec des définitions périmées, établies par la jurisprudence provenant d’un passé lointain, de sorte que même la conception légale de ce qui pourrait constituer une religion est vague et obsolète. Les politiciens, sensibles à l’inquiétude du public, lorsque de nouvelles religions sont attaquées dans les médias, quelle qu’en soit la raison, invoquent rapidement les hypothèses établies et traditionnelles sur la nature de la religion. Les journalistes jouent sur ces conceptions traditionnelles largement diffusées lorsqu’ils peuvent éveiller, par intermittence, l’intérêt général sur les questions religieuses. Les institutions religieuses elles-mêmes, en dépit de leurs efforts pour « moderniser » leurs propres activités religieuses, voient généralement avec méfiance tout développement innovant qui se produit en dehors des limites des Églises. Dans un monde qui change rapidement, dans lequel les institutions sociales changent continuellement, seule la religion se voit attribuer théoriquement et continuellement un rôle, une fonction et un aspect qui ne changent pas.
Pourtant il y a, de toute évidence, un nombre considérable de gens qui cherchent et trouvent de nouveaux modèles de pratique religieuse et de nouvelles conceptions de la vérité religieuse, qui s’engagent dans de nouvelles quêtes spirituelles et participent à de nouveaux types d’organisation religieuse.
Pourtant, de toute évidence, il y a un nombre considérable de gens qui cherchent et trouvent de nouveaux modèles de pratique religieuse et de nouvelles conceptions de la vérité religieuse, qui s’engagent dans de nouvelles quêtes spirituelles et participent à de nouveaux types d’organisation religieuse. Bien que beaucoup des principaux représentants de l’opinion publique soient encore profondément attachés à l’ancien stéréotype de la religion, l’opposition aux nouveaux mouvements religieux, principalement parce qu’ils sont nouveaux, correspond à la résistance au processus même de l’évolution sociale et religieuse.
Bryan Ronald Wilson
2 août 1995
Oxford, Angleterre